Jardiniers de Tournefeuille

« Nous sommes tous responsables d’un petit bout de terre ! »

Jardinage au naturel

Friche fleurie sur la butte
La France est le premier utilisateur de pesticides en Europe. Les jardiniers en utilisent à eux seuls près de 8%. Cessons de sortir la grosse artillerie dès qu’un insecte pointe son nez sur nos plantes... et passons au jardinage naturel!

Les traitements chimiques détruisent la fertilité et les équilibres biologiques. Il est aujourd'hui reconnu que la plupart des traitements insecticides et fongicides détruisent autant les ravageurs que leurs ennemis naturels comme les coccinelles, les chrysopes et les carabes. Appliqués sur le sol, ces mêmes traitements et les herbicides détruisent une grande partie de la faune (vers de terre, bactéries, champignons) qui contribue à la fertilité, à l'aération du sol et à la bonne santé des plantes.   
Le but du jardinage biologique ou naturel est de créer des écosystèmes sains, d'en apprendre davantage sur les liens entre les créatures vivantes du jardin et de créer des conditions dans lesquelles ces éléments peuvent s'épanouir. En outre, il propose des solutions à la portée de tous et peu coûteuses.

Le sol avant tout

Pour obtenir des plantes vigoureuses, plus résistantes aux maladies et aux ravageurs, il faut commencer par bien nourrir son sol (donc la faune qui y vit). Il faut bannir les engrais chimiques – facteurs de déséquilibres – et prévoir plutôt des apports modérés de fertilisants organiques, majoritairement du compost, si possible produit sur place avec les déchets du jardin et de la cuisine. Le compost est à la fois l'amendement et le fertilisant par excellence au jardin : il ensemence le sol en micro-organismes, il sert d'abri et de nourriture à ces derniers, il améliore la structure du sol, il équilibre le pH et il fournit les éléments nutritifs essentiels aux végétaux. Comme ces éléments sont libérés progressivement, les plantes bénéficient d'une source de nourriture constante et régulière. D'autre part, on a de plus en plus de preuves que les plantes nourries avec du compost sont plus résistantes aux maladies.

  • Épandre régulièrement du compost en surface, les vers de terre remonteront en surface pour s'en nourrir et le mélanger à la terre. Ils le transforment en humus nourricier et ameublissent la terre au pied des plantes. Ce sont des laboureurs.
  • Une autre pratique néfaste, c'est de laisser la terre nue, car elle se tasse et se couvre inévitablement d'herbes indésirables. Ainsi la terre est toujours couverte été comme hiver.
  • Le sol doit être travaillé en douceur (grelinette), les couches restent intactes, le sol est aéré et on ne coupe pas les racines des indésirables en fragments.
  • Dans un programme de fertilisation écologique, les engrais naturels servent de compléments aux composts. Ils peuvent être d'origine organique (résidus de végétaux ou d'animaux) ou minérale (roches broyées). Ces engrais n'ont subi aucune transformation chimique. Pour libérer leurs éléments nutritifs, la plupart des engrais naturels doivent être dégradés par les organismes vivants du sol. Ainsi, en plus de nourrir les plantes, ils stimulent la vie biologique du sol.
  • Il faut compléter avec des semis d'engrais verts, un travail doux et une couverture du sol qui améliorent son activité biologique et sa structure. Les engrais verts empêche les mauvaises herbes, améliorent la structure du sol et enrichissent le sol en humus et en azote quand ce sont des légumineuses.

Le jardin : une oasis de biodiversité

Ensuite, il est nécessaire de favoriser la biodiversité, facteur d’équilibre écologique. Elle s’enrichit notamment par la plantation de haies diversifiées (APA), la transformation d’un gazon en prairie fleurie, la création d’une mare, l’installation de nichoirs, le mélange d'espèces végétales et de variétés aussi nombreuses que possible. Dans un écosystème naturel, une multitude d'organismes vivent en interdépendance. Dans ce milieu diversifié, les populations de proies et de prédateurs tendent à s'équilibrer. Ainsi, les pucerons qui se régalent d'un chèvrefeuille sont dévorés par les coccinelles, qui sont à leur tour mangées par les oiseaux. Le meilleur moyen pour ne pas utiliser de pesticides (herbicides, insecticides, raticides, molluscicides, etc.) dans son jardin, c'est d'accueillir une faune variée, et notamment ces animaux qu'on appelle "auxiliaires" ! Ils sont les véritables assistants du jardinier. Certains pollinisent les fleurs de vos pommiers, de vos tomates, d'autres régulent les consommateurs indésirables de vos fruits et légumes.
Dans un jardin diversifié, avec paillis et fleurs, ils viendront tout seuls, dès lors que vous aurez ménagé les conditions de leur développement et de leur survie. (Abris, prairies fleuries…)

Beaucoup de bêtes ailées participent à la pollinisation comme les abeilles domestiques (ruches), abeilles solitaires (abri tube de bambou), syrphes, chrysopes (mouche aux yeux d’or). D’autres auxiliaires sont des prédateurs féroces d’espèces nuisibles : les larves de coccinelle, de syrphes, de chrysopes, les forficules, les carabes, les hérissons, les crapauds sont des bêtes bien gourmandes. D’autres parasitent certains ravageurs de culture.

  • Les oiseaux et les chauves souris  aussi sont à installer dans un jardin (nichoirs).
  • Pour favoriser la survie des auxiliaires pendant l'hiver et les intempéries, on peut leur offrir  des abris et des couettes qui les aideront à résister à la pluie et au froid. Tas de feuilles mortes, plantes vivaces couvre-sol assurent de bons abris. Il faut aussi penser à les nourrir : Les plantes à fleurs qui produisent du nectar, du pollen et des fruits, sont une bonne source de nourriture pour les prédateurs naturels. Plusieurs plantes attrayantes pour les insectes bénéfiques appartiennent aux familles de la carotte (Apiacées), de la moutarde (Brassicacées), de la menthe (Lamiacées) et de la marguerite (Astéracées). Bon nombre d'entre elles peuvent s'insérer gracieusement dans un aménagement paysager.
  • Une autre bonne idée: laisser un carré de son jardin en friche, garder un arbre mort

Il va sans dire que l'utilisation de pesticides dans le jardin détruit les parasites (temporairement) mais également leurs prédateurs (parfois définitivement)!

Choix des espèces

  • Choisir des espèces locales adaptées aux conditions du sol et au climat de la région.
  • Placez la bonne plante au bon endroit (soleil, ombre…).  
  • Privilégiez les plantes résistantes aux ravageurs et aux maladies

Trucs et astuces contre les parasites

  • Pas de monoculture
  • Rotation des cultures: elle est nécessaire pour éviter la prolifération des maladies. Une règle simple à comprendre : ne plantez pas des légumes appartenant à la même famille botanique plusieurs années de suite au même emplacement, cela favorise le développement d'une maadie donnée. Parce que chaque espèce est sensible à des champignons ou des germes différents, changer les cultures de place une fois par an permet d’éviter les maladies.
  • Association des cultures: elle met à profit l’action positive de certaines plantes sur les autres. Elle permet d’éloigner les insectes en brouillant les informations olfactives. Lorsqu'ils sont plantés entre les tomates, les petits œillets d'Inde ou tagètes simples (tagète stignata) ont la propriété de détruire les nématodes (petits vers de moins d'un centimètre de longueur), parasites auxquels les tomates sont sensibles. Il semble également que les plantes aromatiques de la famille des labiées (lavande, sauge, thym, romarin…ont une action favorable contre les maladies du sol et les ravageurs. Plantez en entre les rosiers. Alterner oignons et carottes sur une même planche protège les deux plantes. L’alternance carottes/poireaux offre le même bénéfice mutuel.

Une fois ces préalables installés, les problèmes phytosanitaires ne disparaissent pas, mais ils sont beaucoup plus limités. Le jardinier doit être patient : la présence de pucerons dès le début du printemps est signe que ses prédateurs vont venir (coccinelles…). Pour faire face à une attaque de ravageurs ou de maladie, différents moyens s’offrent au jardinier : insecticides ou insectifuges végétaux, pièges, filets de protection, lutte biologique avec des insectes auxiliaires.

  • Renforcer la résistance des plantes :
  1. Purin d’ortie : un engrais foliaire qui renforce la résistance des plantes
  2. Jus d’algue
  3. purin de fougère : contre les pucerons, y compris les pucerons lanigères
  4. la décoction de prêle : riche en silice. Très bien contre les maladies à champignons. Renforce la résistance de la surface des feuilles
  5. Les infusions d'absinthe ou de tanaisie L'amertume de ces deux plantes vivaces, repoussent les pucerons des racines et des feuilles, les chenilles et acariens
  • Utiliser des insecticides bios
  1. insecticide à base pyrèthre naturel pour jardin biologique, mais tue tous les insectes (altise, doryphore, chenille, criocère), y compris les auxiliaires!
  2. Anti limaces bio ou métaldéhyde protégée dans une bouteille en plastique
  3. insecticide chenilles à base de Bacillus thuringiensis pour jardin biologique : produit à base de bactéries qui ne tue que les chenilles. Agit mieux sur jeunes chenilles. Traiter le soir
  4. huile minérale de paraffine, contre les insectes hivernant dans les arbres fruitiers
  5. eau et savon noir : contre les pucerons.
  • Utiliser des fongicides bios:
  1. cuivre de la bouillie bordelaise : contre la tavelure, le mildiou, le chancre, les maladies bactériennes…Attention, l'excès de cuivre est toxique pour la faune et la microflore du sol.
  2. le soufre mouillable et héliosoufre : contre les oïdiums du pommier, du rosier...
  • Autres conseils:
  1. Planter ou semer en lignes, l’entretien est plus facile.  
  2. Ne pas trop serrer les plants sur le rang et entre les rangs, le feuillage reste ainsi aéré : c'est le meilleur moyen d'éviter le développement du botrytis (la moisissure grise), notamment sur les fraises.
  3. Couper les premières parties atteintes par les maladies
  4. Ne pas arroser en pluie le feuillage des plantes sensibles aux champignons comme les pommes de terre, les tomates, les haricots, les carottes, les laitues... Préférez les arrosages au goulot après avoir paillé au pied des légumes.
  5. Semez et repiquez au bon moment, quand la terre est chaude et la température convient aux besoins des plantes. Des plantes qui stressent seront toujours plus fragiles et plus sensibles.
  6. Evitez les associations de plantes défavorables comme par exemple les plantes de la famille des légumineuses (haricots...) et celles de la famille des liliacées (poireaux).
  7. Fertiliser avec modération
  8. Au verger poser des pièges à phéromones, des colliers de glu pour empêcher les fourmis.
  9. avoir des fleurs tout l’année pour nourrir les adultes auxiliaires
  10. pour éloigner les taupes : coquilles de moules dans leur galeries, pour les campagnols : tourteau de ricin ou purin de sureau


Désherber sans désherbant et Changer nos « standards beauté » du jardin

La notion de "mauvaises herbes" est toute relative. Elle dépend avant tout du regard que nous portons sur la nature. Entre la cohabitation et le combat, mieux vaut choisir la première option, beaucoup moins fatigante et tellement plus écologique! Quant aux mauvaises herbes, elles ne sont plus une obsession, il s'agit seulement de maîtriser les plus envahissantes (arrachage, couverture du sol, eau bouillante…) et de protéger de la concurrence les jeunes semis et plants (binage, sarclage).

  • Arracher les mauvaises herbes avant qu’elles soient trop développées. Sarcler.
  • Tondre le gazon plus haut (empêche la germination des graines indésirables et empêche la mousse)
  • Installer des plantes couvre-sol telles que les géraniums vivaces, la consoude, le lierre, le millepertuis, les pervenches, elles occupent l'espace au sol et limitent le développement des herbes indésirables.
  • Pailler les allées, limiter les surfaces gravillonnées (mettre au moins 5 cm de gravillon, ou mettre feutres sous ceux-ci)
  • Le paillage limite la pousse des herbes adventices et assure un couvert protecteur contre la sécheresse et l'érosion du sol. De plus, le paillage enrichit la terre en matières organiques. Ce paillage peut-être : de la paille, des feuilles, des tontes de gazon, des broyats d’arbres et un feutre végétal pour les fraisiers.
  • Dernière solution : le désherbeur thermique ou l’eau bouillante

Les légumes et les fruits sans pesticides que vous récolterez seront meilleurs pour votre santé et pour la nature. Quelques bonnes revues : Les 4 saisons du jardinage (Terre Vivante), la gazette des jardins, Pour nos jardins (Jardiniers de France). Les jardineries l'ont bien compris. Car même si leur part de marché reste faible au regard de celle des produits phytosanitaires et des désherbants, les produits pour le jardinage bio y sont de plus en plus présents.

Retrouvez également la dernière publication de Terre vivante, le guide de permaculture au jardin.